Alain Lambert : « je n’apprendrai rien des politiques sur Twitter… »

L’humour, et le web. Voilà les deux armes d’Alain Lambert, sénateur UMP de l’Orne, pour gagner la sympathie des électeurs. S’il se sert de Twitter pour émettre ses critiques, il n’hésite pas à y publier aussi sa blague du jour. Ses victimes: les partis d’opposition, le premier-ministre italien Silvio Berlusconi et … lui-même.

Alain Lambert a été l’une des premières personnalités politiques françaises à se servir d’Internet. Depuis cinq ans, il anime un blog, où il récolte parfois de chaleureux commentaires d’électeurs. Mais c’est sur Twitter que le sénateur se lâche vraiment. Depuis trois mois, Alain Lambert se connecte trois fois par jour sur cette « place publique » pour se prêter au jeu de la « caricature politique ».  « La politique est un champ d’affrontement d’idées et l’humour aide à atténuer la violence de ces conflits. Donc, c’est donner un habillage délicat à des échanges difficiles« , explique-t-il. Cette semaine, l’ancien ministre du budget de Jean-Pierre Raffarin ironise sur son domaine de prédilection : « Grâce à un miracle technologique, les mots déficit et dette ont disparu de mon écran. C’est moins stressant ». Mais, tout n’est pas doré ou drôle dans la vie virtuelle du sénateur. Parfois, quelques dérapages, ou malentendus, surgissent des échanges avec ses followers : « j’ai voulu dire ‘autorisé’ mais c’est de l’humour raté! Sorry« .

Pour Alain Lambert, utiliser Twitter permet de réduire la distance entre les hommes politiques et les citoyens. D’après le sénateur, même si les utilisateurs sont « d’une tranche d’âge et d’une classe professionnelle qui ne sont pas la représentation de la société française » Twitter « permet de savoir ce qui est dit chez les citoyens engagés« .

Du haut de ses 63 ans, Alain Lambert affirme ne pas faire attention au décalage d’âge par rapport à la majorité des usagers de Twitter. Selon lui, le micro-blog permet de voir comment les gens pensent les sujets de l’actualité. Et d’avoir un regard plus simple, parfois même simpliste, sur des sujets complexes, comme l’économie. Quant aux critiques que peuvent émettre ses quelques 2000 followers sur Twitter, le sénateur les prend avec bonne humeur. « J’accepte très volontiers d’être ‘chambré’. C’est nécessaire. Il est aussi nécessaire de parler de l’auto-dérision. Parce que, à défaut, si vous n’êtes pas mis en cause par vous-même, finalement, les électeurs ne vous prennent pas au sérieux. Enfin, ce n’est pas si mal d’être toujours soumis à des critiques ».

Le sénateur souligne être un addict de Twitter. « Mon iphone ne me quitte pas« . Mais comment trouve-t-il le temps, dans son quotidien chargé de parlementaire, d’écrire trois fois par jour sur Twitter? « Comme je dois participer à de nombreuses réunions ennuyeuses tout au long de la journée, ce n’est pas très gênant de pouvoir y venir durant les rendez-vous ». Apparemment, dans l’agenda de Monsieur Lambert, Twitter commence à sérieusement concurrencer les « réunions ennuyeuses du Sénat ».  « Lorsque vous assistez à une audience de quelqu’un qui passe trois quarts d’heure pour dire ce qui pourrait être expliqué en quinze minutes, vous vous rendez compte que c’est un lieu de parole. Donc, sur le moment, vous pouvez très bien garder le fil de pensée et venir sur Twitter ».

Et, Monsieur le sénateur, avec qui échangez-vous autant d’idées sur Twitter?

« Je suis plutôt les journalistes »

Et vous  ne suivez pas les politiques?
« Non. Je pense que je n’apprendrais rien. »
Avec qui apprendrons-nous, alors?
D.R.L.

2 Commentaires

Classé dans Bulles politiques, Dans le bocal, Panier de crabes, Pêche aux idées

2 réponses à “Alain Lambert : « je n’apprendrai rien des politiques sur Twitter… »

  1. Merci. Récit fidèle à notre entretien. Bien cordialement.
    Twitter : http://twitter.com/alainlambert

  2. Pingback: A lire sur le web (15-02-2010) | Tête de Quenelle !

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